C'était
en juin 2002. "Complet" pouvait-on lire
sur les portes de la salle de spectacle Paradiso
à Amsterdam. Plus qu'un concert, c'est à
une véritable fête que l'on pouvait
assister. Heideroosjes (prononcez haï-duh-rose-yes
ou HR plus simplement) célébraient
leur douzième anniversaire et demi... Devant
un public de fans en ébullition, mais également
devant leurs proches (par exemple cette dame âgée
au balcon, et bien c'était la grand-mère
de Fred, le bassiste), Heideroosjes ont joué
des morceaux extraits de leurs six albums studio,
accompagnés par de nombreux invités,
à la fois des artistes hollandais à
succès mais aussi des groupes issus de la
scène indépendante.
"Mon garçon, comment
tu as grandi. Je me souviens de toi tu n'étais
pas plus grand que ça." a coutume de
dire l'oncle à la fête de famille.
Après tout, Heideroosjes n'est-il pas ce
groupe qui autrefois faisait gentiment du bruit,
mais qui a réussi à mettre à
genoux le public du Pinkpop (le plus ancien festival
pop en Hollande)? N'est-il pas ce groupe de punk,
qui malgré une musique agressive, malgré
quatre drôles d'énergumènes
sur scène, arrive à un degré
de sympathie très élevé?
Après 14 années
(sans aucun changement dans le groupe) et plus de
1000 concerts Heideroosjes sont -en toute modestie-
le groupe punk le plus couronné de succès
que la Hollande n'est jamais connu. Ils sont toujours
restés tournés vers la scène
indépendante hollandaise, mais d'un autre
côté ils ont réussi à
rester classés avec leur album dans les charts
hollandais durant plus de six mois et plusieurs
de leurs singles ont tourné sur les grosses
radios en Hollande et en Belgique. Heideroosjes
ont tourné avec Pennywise, Bad Religion,
The Offspring... Noodles, le fantasque guitariste
du combo californien, resta bouche bée quand
il aperçu HR live en action. Et par la suite,
il écrivit dans son journal de bord disponible
sur le site du groupe: " J'ai un nouveau groupe
préféré, Heideroosjes. Ces
gars sont énormes sur scène et me
font sentir vieux." . Il y eut les concerts
gigantesques au Pinkpop, à Lowlands, au légendaire
Dynamo, au festival Bizarre en Allemagne, au Werchter
en Belgique, et enfin l'année dernière
au Pukkelpop. Il y eut également le séjour
aux USA quand Jerry Springer se montra très
sport en invitant HR pour présenter le morceau
très critique de la société
américaine Jerry Rules In The Land Of The
Free dans son talk show. Il y eut le concert avec
l'ensemble classique Metropole Orchestra, la tournée
à travers l'ex-Yougoslavie, et il y eut le
concert légendaire à Amsterdam, où
tout le public était vêtu de T-shirt
rouge.
Maintenant
il y a SINema, le premier album studio de Heideroosjes
depuis le concert anniversaire et l'album live couronné
de succès It's A Life. Une fois encore avec
Oscar Holleman (Krezip, Within Temption) aux commandes,
l'homme grâce à qui le groupe a réussi
à mettre autant d'énergie sur les
bandes que sur scène depuis Smile
You're
Dying! (le premier disque sur Epitaph, le groupe
ayant auparavant enregistré des albums en
autoproduction).
"Les paroles de cet album
sont dans neuf langues différentes"
indique le chanteur Marco Roelofs. Cet album est
celui d'un groupe d'influences mondiales, un groupe
qui s'est trouvé des liens lors de sa tournée
européenne avec d'autres comme Terrorgruppe
(Allemagne), Burning Heads (France) et The Shandon
(Italie), et qui permet à leurs chanteurs
ainsi que ceux de trois autres groupes de chanter
dans leur propre langue sur Euronoise, l'hymne punk
clôturant SINema. C'est le nouvel album d'un
groupe qui a tourné en Afrique du Sud, joué
dans un bidonville (Roelofs:"Là-bas
nous étions un groupe de blanc jouant du
punk, peut-être le style de musique le plus
'blanc' qui soit. Pour la première fois dans
ma vie, j'ai senti que la couleur de ma peau avait
de l'importance.") et qui a invité les
jeunes rencontrés là-bas pour chanter
sur Mamelodi Melodies.
SINema est un album punk, metal,
rock, hardcore et folk et constitue le reflet d'un
monde dans lequel, selon Marco Roelofs, "la
réalité est encore plus bizarre que
la fiction". Come Clean est une chanson que
Roelofs a écrit après avoir vu le
documentaire 'A Cry From The Grave' sur Srebrenica,
Dan Breekt De Hel Los porte sur las amitiés
fatales, et De Portier sur les têtes de b...
en chaussures de cuir vernies. Parfois Roelofs rêve
d'échapper à cette réalité
(Delete Me), de temps en temps il crache dessus
(The World, le titre le plus bouillant de l'album),
mais il n'y a pas un moment où il ne quitte
sa folie. C'est ainsi qu'arrive Ebersberg, un titre
hilarant sur les expériences vécues
en tournée en Allemagne, et Damclub-Hooligan
mettant en scène un hooligan ne supportant
en fait qu'un club de personnes âgées
jouant aux dames... Ce single a précédé
la sortie de SINema et fut accompagné d'un
clip totalement absurde devenu rapidement culte
en Hollande.
Cet oncle à la fête
de famille dirait sûrement que Heideroosjes
ont produit ici leur album le plus mature à
ce jour. En tous les cas, ce qui est sûr est
que le groupe n'a jamais mis autant d'énergie
pour faire un album et que leur musique n'a jamais
été aussi variée. Et maintenant
au programme une tournée européenne!
Comme le dit Roelofs: " on pouvait difficilement
attendre. On était agité et énervé
de ne pas faire de concert depuis trop longtemps.".
Bientôt en représentation dans une
salle près de chez vous: SINema. Et vous
devriez dès maintenant réserver pour
décembre 2014: le vingt-cinquième
anniversaire du groupe.